Intersaison proA : ASVEL, Le Mans, Orléans – La course à l’armement

Lyon-Villeurbanne
Lyon Villeurbanne

Nos trois représentants en Euroleague se sont lancés dans une furieuse course à l’armement en cette inter-saison avec des enjeux différents. Pour l’ASVEL, il s’agit de faire honneur à son tout nouveau statut d’outsider européen. Pour Le Mans et Orléans, le challenge est plutôt de s’armer au mieux pour passer le tour préliminaire de l’Euroleague et rentrer dans la danse.



ASVEL : le levier Tony Parker pour franchir un palier

Le nouveau champion de France présentera l’an prochain un budget rarement vu dans le basket hexagonal, de plus de 7 millions d’euros, soit près de 2 millions de plus que son premier poursuivant, Le Mans.Alors merci qui ? Merci Tony Parker qui a provoqué un véritable engouement autour du club lyonnais, en y investissant lui-même du temps et de l’argent. Merci aussi aux dirigeants villeurbannais qui ont su mettre entre parenthèses durant quelques années les résultats sportifs pour construire un club ambitieux et structuré.

Sur le terrain, cela se traduit par un recrutement costaud. L’entraîneur Vincent Collet a fourni l’essentiel de son effort à la construction d’un axe meneur-pivot de rêve. Pour driver la machine de guerre, c’est donc Bobby Dixon qui arrive tout droit du Mans. Vif, complet, excellent shooteur, gros driver, bon passeur et plein de sang froid : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Dixon, ce qui se fait probablement de mieux à son poste en proA. Arrivé tardivement au Mans après un parcours en constante progression (débuts en proB pour finir à la Benetton Trévise), on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait emmené les Sarthois au Top 16 de l’Euroleague s’il était arrivé plus tôt.

Pour compléter la colonne vertébrale, l’ASVEL a réussi un coup de maître en engageant, au nez et à la barbe du grand Real Madrid, le pivot US Curtis Borchardt. Drafté en 18e position de la draft 2002, ce grand pivot blanc de 2,13m pour 111kg a vécu un temps en NBA avant d’atterrir en Espagne à Granada où il était de loin meilleur rebondeur (9,9 prises pour aller avec ses 12,3 pts à 58% aux tirs et son 1,4 ct). Un gros poisson pêché par l’ASVEL (en remplacement de Troutman) pour constituer son point d’ancrage intérieur en prévision des joutes européennes, d’autant que les précieux Ali Traoré et Eric Campbell seront de retour pour l’épauler.

Pour le reste, les ailes étaient à reconstruire autour du duo Dewar-Foirest et les dirigeants se sont tournés vers l’obscur Kristjan Kangur. Cet Estonien de 26 ans au profil 3/4 semblable à celui d’Amara Sy (sur le départ car trop gourmand) n’a jamais joué ailleurs qu’à Tallin, capitale de son Etat. Néanmoins, ce garçon catalogué bon shooteur et rebondeur ne semble pas dénué de qualités, lui qui avait planté 24 pts et 6 rbs à l’Astroballe lors d’une soirée européenne il y a deux ans, et qui tournait récemment à 12 pts, 8 rbs et 2 pds avec sa sélection nationale. Pour compléter sa ligne extérieur, Collet a poursuivi son marché en pays baltes avec le Lituanien Mindaugas Lukauskis (30 ans et 1,98m) qui a déjà gouté à l’Euroleague il y a deux ans avec son club de Vilnius, y tournant à 8.5 pts, 3 pds, 2 rbs et 1.5 int. Véritable aspirateur à trophées (il en a remporté 4 cette année dont l’Eurocup), Lukauskis apportera toute son expérience et ses capacités à aller au cercle.<br />Au final, cela donne un mélange de talent et d’expérience qui ne fait certainement qu’augurer de ce que sera Villeurbanne dans les années à venir.

Meneurs: Bobby Dixon / Aymeric Jeanneau / T.J. Parker
Extérieurs: Kristjan Kangur / Laurent Foirest / Mindaugas Lukauskis / Benjamin Dewar
Intérieurs: Curtis Borchardt / Ali Traore / Eric Campbell / Bengaly Fofana


Le Mans
Le Mans

Le Mans : un recrutement haut de gamme qui fleure bon l’ex « run and gun » roannais

Auteur d’un recrutement explosif l’an passé avec les stars Dewarick Spencer et David Bluthenthal, on voyait mal comment Le Mans pouvait rééditer pareil tour de force cette année, avec des moyens annoncés légèrement en diminution. Et pourtant, avec le 2e budget de proA, la version 2009/2010 de l’équipe sarthoise n’aura pas grand-chose à envier à sa devancière.
La première pierre à cette construction a été la reconduction d’un Dee Spencer, poussif en début de saison, mais redevenu terreur de proA après une sérieuse mise au point de ses dirigeants.

Une fois ce retour acté, J.D. Jackson s’est attaché au gros chantier de cette intersaison, le secteur intérieur, délesté de Pape Badiane (parti retrouver du temps de jeu chez le promu Poitiers), d’Alain Koffi (parti franchir un palier en Espagne) et de David Bluthenthal (qui retourne dans son club de c&oelig;ur, le Maccabi Tel Aviv). Seul l’excellentissime pivot brésilien J.P. Batista fera son come-back l’an prochain.

Arrivent donc pour épauler ce dernier l’ex-dijonnais Guillaume Yango qui pourra enfin montrer l’étendue de son talent sur les parquets français, Thierry Rupert (7,5 pts et 4,5 rbs à Chalon) qui aura la lourde mission de remplacer dans un profil proche (mais un cran en dessous) le très influent Koffi et enfin, le gros coup du recrutement manceaux, Marc Salyers, qui effectue son retour en proA où il avait laissé quelques ardoises mémorables à Roanne. Athlétique, complet et charismatique, Salyers ne devrait pas peiner à faire oublier un Bluthenthal décevant car trop unidimensionnel.

Enfin, avec la reconstitution du duo d’élite « estampillé Roanne » (Spencer-Salyers) et capable d’alimenter régulièrement la marque, il fallait trouver le successeur du magique Bobby Dixon, peut-être moins scoreur mais capable de gaver ses pistoleros de munitions. Et là encore, les Sarthois ont réussi un bon coup en enr&ocirc;lant la révélation chalonnaise Zack Wright. Hyper complet et avec un parcours assez incroyable (Beugnot l’avait déniché en 3e division allemande suite à un gros raté de son agent), ce marsupilami capable d’aller gober des rebonds sur la t&ecirc;te des plus grands intérieurs devrait s’entendre à merveille avec Spencer pour pousser le jeu rapide.

En constituant un groupe athlétique formaté pour défendre fort et lancer les contre-attaques, J.D. Jackson a maintenu la barre très haute et c’est encore une grosse équipe du Mans qui va se présenter sur la ligne de départ.

Meneurs: Zack Wright /Antoine Diot
Extérieurs: Dewarick Spencer / Maleye N’Doye / Charles Lombahé-Kahudi

Intérieurs: J.P. Batista / Marc Salyers / Thierry Rupert / Guillaume Yango


Orléans
Orléans

Orléans : encore plus fort et plus sûr.

Le club du Loiret poursuit son ascension vers les sommets du basket français. Il faut dire que la qualification aussi inattendue que méritée pour la phase préliminaire de l’Euroleague a donné un sérieux coup de fouet aux ambitions du staff orléanais, qui a tenté de suivre la cadence de l’ASVEL et du Mans, en matière de recrutement, avec un budget pourtant plus limité. Mais en jouant la carte de la stabilité, du talent et de la sécurité, l’ensemble a incontestablement fort belle allure.

En conservant 6 de ses 9 joueurs majeurs, le stratège orléanais a manifestement voulu conserver l’ossature d’un groupe de qualité. Avec la reconduction de la paire de meneurs ultra complémentaires Sciarra-Curti, le retour du pétard ambulant Banks et du couteau suisse Dobbins, il ne manquait plus qu’un ailier de talent pour compléter joliment les lignes extérieures. Et Orléans n’a pas fait dans la demi-mesure en s’adjugeant les services du dernier MVP de proA, Austin Nichols. Elégant et complet, cet assassin silencieux révélé par Hyères-Toulon a tout du shooteur d’élite qui manquait parfois l’an passé à l’équipe de Philippe Hervé. Nichols a pourtant mis longtemps à accepter la proposition d’Orléans. Il voulait &ecirc;tre assuré de jouer l’Euroleague, il devra en passer par un tour préliminaire. A lui de démontrer qu’il en a le niveau en qualifiant Orléans.

A l’intérieur, le monstre à deux têtes Covile-Dials qui a terrorisé plus d’un adversaire l’an passé est dissout pour laisser la place à une raquette non moins imposante. Si le précieux Ryvon Covile est de retour, le « shaquille o’nesque » Terence Dials laisse sa place à l’un des jeunes fran&ccedil;ais les plus convoités de l’intersaison, Ludovic Vaty. Un poil moins costaud mais plus mobile et plus complet, le jeune espoir en quête d’Euroleague devra prouver qu’il peut peser autant dans un club de premier plan que dans une formation paloise à la dérive (12 pts et 8 rbs en 27 minutes). Autour de son duo de costauds près du cercle, Philippe Hervé pourra toujours compter sur Adrien Moerman pour boucher les trous et a judicieusement remplacé Brian Greene par le polyvalent Justin Doellman. Mois costaud et plus shooteur, Doellman n’en reste pas moins un joueur de premier plan, lorsqu’il est épargné par les blessures, comme il l’a prouvé à Besançon (15 pts, 6 rbs et 2 pds en 29 min). Fragile mais doté d’excellents fondamentaux et de mains en or, Doellman pourrait en surprendre plus d’un cette année, dans un profil d’équipe où il se pose en parfait complément des « enforcers » Covile et Vaty.

Trop dépendant des performances de son unique shooteur l’an passé (Cedrick Banks), Orléans a cette fois pris les devants en lui associant deux autres shooteurs-scoreurs naturels, Nichols et Doellman, afin de palier d’éventuelles défaillances de son arrière US et multiplier ses options offensives. Connaissant le profil de Philippe Hervé, nul doute que la défense sera toujours la marque de fabrique orléanaise, mais cette fois Orléans aura du répondant des deux c&ocirc;tés du parquet&hellip; et le tout sans prendre le moindre risque en matière de recrutement.

Meneurs: Aldo Curti / Laurent Sciarra
Extérieurs: Cedrick Banks / Austin Nichols/ Tony Dobbins
Intérieurs: Justin Doellman/ Ryvon Covile / Adrien Moerman / Ludovic Vaty

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