Champion de France oblige, Nancy sera sur le devant de la scène au niveau européen cette année avec un recrutement en conséquence, sans être non plus pléthorique. Jean-Luc Monschau n’ayant pas su exploiter la quintessence de ses abondantes stars lors de la dernière campagne d’Euroleague, il semble repartir vers une formule d’équipe resserrée mais qui semble lui convenir davantage. Avec tout de même des individualités de fort calibre…

Meneurs : Le premier gros recrutement du SLUC est d’avoir su conserver son général en chef, John Linehan. Lui qui avait fui sa première expérience potentielle d’Euroleague l’an passé en quittant Cholet pour la Lorraine, découvrira bel et bien ce niveau cette année. Ou plutôt, c’est l’Euroleague qui devrait apprendre à découvrir l’un des pires poisons défensifs d’Europe, capable de dérégler une équipe entière à lui seul ou presque. Pour ne rien gâcher, celui qui était un piètre attaquant lors de sa première saison en proA à Paris est devenu un shooteur correct et surtout un joueur « clutch » dans le money time. Mais à un âge de plus en plus avancé, on le sait potentiellement sujet à des blessures aux genoux et l’absence de rotation derrière lui risque d’être compliquée à gérer sur le front européen et national. Amagou, de retour au club devrait piger régulièrement sur le poste 1 pour faire souffler son leader.

Extérieurs : Pape-Philippe Amagou justement est de retour au club après des campagnes concluantes tant à Roanne qu’en équipe nationale de Côte d’Ivoire où il s’est affirmé comme une arme offensive de premier plan. Une capacité de pénétration et un shoot en forte amélioration en font une menace constante et difficile à défendre. Epaulé dans cette tâche par le valeureux shooteur américano-franco-suédois (ouf !) Kenny Grant, il devrait migrer par séquences sur le poste de meneur.
Le poste 2, décidément très fourni, voit également l’arrivée du phénomène vichyssois de la dernière saison Jamal Shuler. Après une longue et douloureuse mise en jambe, le petit arrière américain n’a plus touché terre sur la phase retour en tournant à 20 pts de moyenne à 44% à 3 pts. Jean-Luc Monschau a privilégié un joueur à l’esprit irréprochable malgré les très grosses incertitudes qui règnent quant à sa capacité à s’adapter au plus haut niveau européen.
A l’aile, c’est la grosse sensation de l’intersaison avec l’arrivée de Nicolas Batum. Ce dernier souhaitant jouer l’Euroleague durant le lock out NBA a préféré avoir du temps de jeu dans une équipe française que des miettes chez un cador continental. Peu d’équipes peuvent se targuer de dire cela mais l’excellent Tremmell Darden (qui aurait mérité au moins autant que Mejia le titre de MVP de la dernière saison) est déjà oublié du côté de la place Stanislas. Dans un profil assez similaire, Batum est aujourd’hui « un peu plus tout » que Darden : un peu plus grand, un peu plus athlétique, un peu plus shooteur, un peu plus jeune, au moins aussi bon défenseur… et en plus il est Français ! Que demande le peuple ? Déjà fort lors de sa dernière saison au Mans, Batum est assurément un joueur d’un tout autre calibre aujourd’hui, capable d’être un leader offensif et défensif.

Intérieurs : Quasi statu quo en revanche à l’intérieur où Akingbala règnera à nouveau en maître dans la peinture. Monstre défensif et physique en proA, le Nigérian devra en revanche tenir seul ou presque ce poste dans les joutes d’Euroleague où il sera moins dominant, d’autant que son remplaçant, Moussa Badiane, ne s’est toujours pas vraiment fait une place au soleil. L’arrivée du prospect Vincent Pourchot (2,17m), peu influent au centre Fédéral en N1, ne change en rien le constat à court terme.
Au poste 4, l’hyper-actif Victor Samnick, dans un profil plus offensif, est toujours capable de secouer le cocotier et reste une valeur sûre au niveau français comme européen. Il est rejoint par Adrien Moerman qui, s’il commençait à s’encroûter dans le système hyper rigide de Philippe Hervé à Orléans, n’en est pas moins devenu un joueur de valeur et ô combien plus complet que Stephen Brun. Là encore, un joli coup en proA mais très limite pour l’Euroleague.

Bilan : L’impression générale à la lecture de l’effectif est assez nette : Nancy ressemble à un bel épouvantail en proA mais paraît très juste pour l’Euroleague, avec des lignes extérieures très fournies mais petites hormis Batum et un secteur intérieur atomique pour la proA mais sous-dimensionné pour l’Euroleague où Akingbala, Samnick et Moerman risquent de peiner pour tenir la dragée haute aux bonnes écuries européennes. Si le premier problème pourrait être réglé par la rumeur persistante de l’arrivée de l’ailier toulonnais Boungou-Colo, le second semble insoluble à moins d’un recrutement surprise. En résumé, très fort pour la proA mais sous-dimensionné pour espérer quoi que ce soit en Euroleague (sans compter la possibilité de départ de Batum en cours de saison en cas de fin de lock out).
Note du recrutement (sur 5 étoiles) : **** pour la proA / *** pour l’Euroleague

Effectif :
Meneurs : John Linehan
Extérieurs : Pape Philippe Amagou, Kenny Grant, Jamal Shuler, Nicolas Batum
Intérieurs : Victor Samnick, Akin Akingbala, Moussa Badiane, Adrien Moerman, Abdel Kader Sylla, Vincent Pourchot